LE SAINT CURE D'ARS ET LA FAMILLE

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Un jurisconsulte du XVIe siècle, Jean Bodin a défini l'ordre fondamental d'une société : “Le droit gouvernement de plusieurs mesnages et de ce qui leur est commun avec puissance souveraine”. Quant au ménage, il est “le droit gouvernement de plusieurs subjects sous l'obéissance d'un chef de famille”.

 

Ce sont les familles qui font la société et celle-ci n'est que l'image de celles-là.

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Que l'austérité des mœurs règne dans les familles, que la religion y commande en maîtresse toujours obéie, que l'ordre hiérarchique y soit fidèlement observé, nous aurons une société où les principes religieux pénétreront les lois et régleront la conduite publique de la nation, où fleuriront les bonnes mœurs, où l'autorité sera debout : ce sera “le droit gouvernement de tous les mesnages”, car “si les unités sont fortes, les groupes gardent leur consistance”.

 

Qu'au contraire, “les unités se dissolvent, tout se désagrège et s'en va à la mort”. N’est-ce point ce qui se passe sous nos yeux ? “Dans la masse des familles françaises”, le père et la mère découronnés, se sont faits les esclaves de leurs enfants qui les tyrannisent, les principes de la vie chrétienne ont été rejetés comme des liens incompatibles par leur rigueur avec la tendresse de l'âge et les aspirations modernes à la liberté, l'amour de la jouissance est l'idole à laquelle on sacrifie tout, son or, son temps, sa conscience et jusqu'à la perpétuité de son nom : la famille est disloquée, réduite à l'état de décomposition. Or, par une suite nécessaire, la société qui n'est que la collection de “plusieurs mesnages”, se trouve intoxiquée et penche vers sa ruine : l'esprit de révolte en soulève toutes les parties les unes contre les autres, un égalitarisme à outrance en supprime tout “droit gouvernement”, le manque de caractère et d'initiative y produit une stagnation morbide, symptôme d'une mort prochaine.

 

La société a donc sa base dans la famille. C'est en elle aussi “que la religion trouve son meilleur appui. Où les enfants apprennent-ils mieux à prier que sur les genoux de leur mère ? où commencent-ils à aimer l'Eglise et où sentent-ils naître dans leur cœur le désir de se dévouer pour elle, sinon auprès de leur père ? Les exemples de vie chrétienne pratiquée intégralement par des êtres aimés sont plus efficaces que toutes les autres leçons. C'est au foyer domestique que le christianisme trouvera, s'il le faut, son suprême asile. Même les prêtres bannis ou emprisonnés, les pères et les mères seraient encore là pour transmettre aux enfants la croyance en Dieu”.

 

Le Curé d'Ars avait conscience de ces vérités, et en travaillant au bien particulier de sa paroisse, il travaillait au bien général de la société et de l'Eglise.

 

 

 

 

Format A4 – 96 pages